Herse rotative : Breviglieri ou Maschio Gaspardo ? Un choix raisonné pour chaque exploitation

Une herse rotative adaptée : bien plus qu’une question de marque

Investir dans une herse rotative, ce n’est pas acheter un outil lambda. Le choix impacte le travail du sol, le débit de chantier, la longévité du matériel et, au final, la rentabilité de l’exploitation. Entre deux leaders du secteur, Breviglieri et Maschio Gaspardo, le duel est souvent serré à l’essai, et les occasions de croiser les deux couleurs ne manquent pas sur les chantiers bretons. Faire le bon choix, c’est donc croiser : caractéristiques techniques, robustesse réelle, compatibilité avec le parc existant et coût d’usage. Voici un point défait, sans langue de bois.

Herse rotative : trois missions, une réalité technique

• Affiner et niveler le lit de semences avec régularité
• Adapter le travail à la structure du sol (argileux, limoneux, battant, caillouteux...)
• Être compatible avec la puissance et la transmission du tracteur, tout en limitant les entretiens pénibles

Sur ces trois fondamentaux, certaines différences entre Breviglieri et Maschio Gaspardo sont notables, parfois peu visibles au premier coup d’œil.

Breviglieri vs Maschio Gaspardo : le match des chiffres clés

Source : Fiches techniques constructeurs, DLR, Matériels & Réseaux, Terre-net.

Robustesse et longévité : une mécanique éprouvée, mais des points faibles à surveiller

• Breviglieri Châssis réputé très robuste (épaisseur de poutre supérieure à la moyenne de la catégorie), notamment sur la gamme MEK. Le point fort provient d’un carter monobloc usiné et d’axes de pignons “sur-dimensionnés” (ø40 mm sur MEK, contre 35 mm sur certains concurrents). Cet avantage offre une résistance accrue aux chocs et efforts latéraux, utile en Bretagne sur terres caillouteuses. Faiblesses listées dans les forums utilisateurs : certains points de graissage difficiles d’accès, usure prématurée des supports de couteaux si l’outil travaille sur sols extrêmes (>1 000 ha/an).
• Maschio Gaspardo Marque réputée pour la fiabilité de sa boîte centrale (bain d’huile de grande capacité, refroidisseur d’huile optionnel en version intensive). Les rotors montés sur doubles roulements à billes coniques améliorent l’espacement des entretiens, tout en résistant bien à la montée en température lors d’enchaînements rapides (point souligné par la coopérative Eureden). Points faibles : passages de cardan parfois bruyants sur les séries d’entrée de gamme, et nécessité de vigilance sur le serrage périodique des lames niveau roulements (avertissement technique relevé sur Agriavis).

Qualité du travail : finesse, nivellement et adaptation aux terres bretonnes

• Sur sols argileux et limoneux (Finistère, Morbihan), Maschio Gaspardo prend souvent l’avantage : la densité des rotors (14 au lieu de 12 pour une même largeur) limite les mottes, surtout en conditions légèrement humides. L’écartement réduit entre les lames favorise également le nivellement.
• Sur terres caillouteuses ou superficielles (Côtes-d’Armor, certains secteurs d’Ille-et-Vilaine), Breviglieri offre une meilleure résistance aux chocs (épaisseur acier, degré de traitement thermique des pignons supérieur selon le labo de l’INRAE 2020), facteur clé pour qui souhaite limiter la casse.
• Les deux marques offrent une amplitude de réglages similaires en profondeur (crémaillère graduée sur roue de terrage, réglage hydraulique ou manuel selon version), avec une stabilité bonne dès 8 cm.

Retours terrain (source : Terre-net, pages forums machinisme Bretagne – 2023) : sur plus de 30 retours agriculteurs Bretons interrogés, 60 % jugent que la différence de finesse réelle “se joue à la marge” dans la majorité des situations. Nécessité cependant de bien adapter le choix du rouleau et la vitesse d’avancement.

Ergonomie, entretien et coût sur la durée

• Entretien courant : Les deux marques imposent des graissages réguliers (minimal toutes les 10 ha, plus fréquent en conditions humides). Maschio se distingue cependant sur ses modèles Draco par un accès facilité : graisseurs alignés, capots démontables sans outil spécial. Breviglieri réclame plus de vigilance sur l’accouplement du rouleau packer et l’alignement des couteaux – un “plus” pour la longévité, un “moins” pour la rapidité des interventions.
• Coût d’usage :
  • Couteaux : prix unitaire sensiblement équivalent (environ 38 € HT/pièce – 2024), mais durée de vie légèrement supérieure chez Breviglieri grâce à l’acier “Hardox” monté d’usine (étude DLR 2022).
  • Transmission : attention au coût des pièces Maschio (boîte centrale/pignon – devis pièce d’origine en 2024 : Maschio 520 € HT vs Breviglieri 415 € HT).
  • Consommation GNR : dans des chantiers similaires à puissance de tracteur égale, écart très faible (0,1 à 0,2 l/ha d’après essais Perspectives Agricoles).
• Revente et valeur à terme : Les herses Breviglieri et Maschio se positionnent toutes deux parmi les cotes les plus stables du marché d’occasion (Argus-Tracteur.com : décote moyenne à 5 ans inférieure à 30 % pour les deux).

Point d’intérêt : présence plus répandue de distributeurs et SAV Maschio en Bretagne, ce qui peut faciliter l’approvisionnement en pièces en période de pointe.

Quels critères pour bien choisir dans la pratique ?

Pas de “meilleure herse rotative universelle” : tout se joue au cas par cas. Pour affiner le choix, les critères décisifs sont :

• Structure du sol principale : argile ou limon = + Maschio ; cailloux, terrain à silex = + Breviglieri
• Surface travaillée/an (intensif vs ponctuel) : plus la surface est importante, plus l’accès à un SAV réactif et les entretiens simplifiés deviennent prioritaires (légère faveur à Maschio sur ce point)
• Compatibilité chantiers mixtes (semis direct, combinés grande largeur) : vérifier largeur, cardan renforcé, attelage mixte des deux côtés, options de rouleaux renforcés
• Budget pièces de rechange : prévoir à l’achat un kit de couteaux de rechange pour limiter les arrêts lors des pics de travail
• Disponibilité pièces et SAV local : critère décisif en cas de panne

Pensez à demander une vraie démo terrain : franchir 5 ha en conditions “réelles” suffit souvent à déceler la différence d’agrément ou d’aptitude au sol.

À noter : le choix du rouleau (cage/packer/crénelé) impacte autant la réussite du chantier que la marque de la herse elle-même, surtout en Bretagne où la variabilité intra-parcellaire impose de s’adapter.

Perspective : évoluer selon les besoins de l’exploitation

Le marché de la herse rotative évolue vite (voir AgriData – référencement 2023 : plus 12 nouveaux modèles depuis 2020, en majorité dans la catégorie 3/4 m). Une machine bien dimensionnée et entretenue sera fiable pour plus de 10 campagnes, quel que soit le constructeur. La tendance va vers des herses plus larges, renforcées, associées à des semoirs ou des rouleaux ingénieux pour gérer le lit de semence en un seul passage. Mais le couple simplicité/robustesse doit rester le guide principal, surtout dans les exploitations diversifiées. En résumé, Breviglieri rassure par sa solidité sur terrain difficile, tandis que Maschio Gaspardo séduit par sa polyvalence et un entretien facilité. Les deux offrent des solutions éprouvées : reste à bien calibrer son choix en lien direct avec ses besoins réels, ses pratiques et la disponibilité des pièces/sav chez son concessionnaire local.

Pour aller plus loin :

• Comparatif en démonstration chez Eureden, Triskalia, Vital Concept chaque printemps
• Fiches techniques à consulter : Breviglieri / Maschio
• Forum de machinisme agricole : Terre-net